18/07/2024 vududroit.com  8min #252922

 Le Nouveau Front Populaire ne parvient toujours pas à proposer de Premier ministre

Encore une fois la « gauche » sauve Macron. Puis réclame son dû

Le deuxième tour des élections législatives a réactivé les souvenirs des juristes intéressés par les pérégrinations du droit électoral depuis l'invention du système de démocratie représentative. Il y a tant de formules, tant de moyens, tant de manipulations possibles, cela peut devenir un maquis invraisemblable quand il s'agit d'organiser l'expression des citoyens dans le choix de leurs représentants. La France qui en a connu une jolie collection depuis la Révolution française n'y échappe pas. Concernant le pouvoir législatif elle utilise aujourd'hui depuis l'avènement de la Ve République, à part l'exception de 1986, le scrutin uninominal à deux tours qui présente entre autres caractéristiques celle de permettre à la plus forte minorité de devenir majorité. Après le premier tour du 30 juin où le RN caracolait en tête, on s'interrogeait doctement sur ce que serait sa victoire.

Surprise au soir du 7 juillet, contre toute attente, tous les sondages et autres estimations, le parti de Marine Le Pen se retrouvait en troisième position en termes de sièges. Derrière l'alliance électorale de la « gauche » et celle du parti macroniste, qui ne s'en tirait pas si mal loin de là.

Que s'est-il donc passé ?

Depuis la deuxième guerre mondiale, toute la pseudo « gauche » a toujours été résolument social-démocrate, en particulier depuis la disparition du vrai Parti communiste. Aujourd'hui, y compris LFI, elle est europeïste, atlantiste, pro-OTAN, belliciste, néolibérale, et même avec le groupuscule PcF qui a volé l'héritage du vrai Parti, et est aujourd'hui probablement le pire.

Aux législatives, pour cette fausse gauche, l'impératif politique était clair : sauver une fois encore, sauver une fois de plus, le cul des manuels Macron. On sait que le parti socialiste est à l'origine de la sorte de coup d'État qui a installé le psychopathe narcissique à l'Élysée. Que ce soit, par le choix du personnage par la haute fonction publique socialiste, par l'organisation de son adoubement par l'oligarchie, par la mise à son service du système médiatique, par la mise en place de financements irréguliers, par la mise à son service des éléphants socialistes, et enfin par l'organisation de l'opération judiciaire, le PS a été systématiquement la manœuvre. Emmanuel Macron était bien son candidat pour suppléer un François Hollande vomi par le pays est incapable de se représenter. Le reste de la « gauche » politique et syndicale a suivi et participé de bon cœur à toutes les opérations successives visant à conforter le locataire de l'Élysée lorsqu'il était confronté à des difficultés. L'historique de ces compromissions qu'elles soient électorales ou sociales, au grand jour ou masquées, sera à faire.

En attendant, après le résultat des élections européennes et la dissolution surprise, Macron était réellement difficulté. Alors, les sociaux-démocrates se sont attelés résolument à cette tâche de sauver le soldat Macron, évidemment en récupérant les postes au passage et en devenant le centre de gravité de son soutien.

IVe République, le retour.

Comment l'opération s'est-elle accomplie cette fois-ci. Tout simplement en recyclant la vieille méthode du père Queuille, celle des « apparentements ». Henri Queuille était un homme politique de la IIIe République parfaitement rompu à toutes les combines du parlementarisme. Il avait mis son talent au service de la IVe République. Avec la fameuse maxime suivante : « la politique ce n'est pas de résoudre des problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent ». Terrorisé par le risque de l'arrivée au pouvoir promise au RPF de de Gaulle, évidemment présenté comme un fasciste, le monde politique de la quatrième lui avait demandé d'élaborer un système biscornu. Qui permettait aux candidats en lice de défendre évidemment les couleurs de leur parti mais également de s'apparenter à un autre. Et de récupérer ses voix dans un calcul proportionnel compliqué. Le piège de l'alliance cynique de la carpe et du lapin, fonctionna à plein et le général de Gaulle se retrouva le bec dans l'eau. La IVe République continuera à s'enfoncer dans le chaos jusqu'à amener le pays au bord de la guerre civile. Dont la France sera préservée par le coup d'état virtuose du général en 1958.

Cette fois-ci, les héritiers du père Queuille ont encore une fois utilisé la vieille technique du barrage pour s'opposer au retour du fascisme des années 30 soi-disant incarné par le RN. Avec cette fois-ci des désistements croisés de pseudo-adversaires, qui après s'être déchirés pendant deux ans et trois campagnes (législatives 2022, européennes et législatives 2024), vont passer en mode « embrassons-nous Folleville ». En demandant au pire gauchiste de tranquillement voter pour Darmanin et tous les gangsters qui entourent Macron, et aux soutiens de ceux-là de tout aussi tranquillement, voter pour un « antifa » fiché S. Et c'est ainsi que les couches populaires, ouvriers et employés qui votent massivement pour le RN et qui se sont mobilisées pour ce scrutin se sont retrouvés Grosjean comme devant. Pas sûr qu'ils apprécient, et que ce soit vraiment une bonne idée de leur rappeler une fois de plus, qu'ils n'ont pas voix au chapitre, et que s'ils bougent ce sera de nouveau le traitement infligé aux gilets jaunes, à base de violence policière et judiciaire.

Mais manifestement, grâce à la « gauche » Macron a une fois de plus réussi son coup. Porté au pouvoir par celle-ci en 2017, elle a veillé ensuite à systématiquement l'y conforter. Il vient de recommencer l'opération.

Il va maintenir Attal à Matignon pour l'été et en parallèle magouiller pour reconstituer son bloc central avec Faure, Roussel, Tondelier, Ruffin, Corbières, Autain. Qui vont rappliquer en courant la main sur le cœur, « que comment ils n'y vont pas pour trop défendre les intérêts des travailleurs. Mais attention, avec réalisme ». Petite incise autour de la polémique sur la conversation téléphonique de Fabien Roussel magouillant son ralliement à Macron. Nous ne savons pas si c'est réel, mais ce qui est probablement plus grave c'est que c'est plus que plausible.

Macron pourra poursuivre tranquillement son mandat et terminer la mission confiée par l'oligarchie : la destruction néolibérale de la France, et la mise en place de d'un techno-fascisme.

Mais heureusement, le 7 juillet la France a échappé au retour des soeurs zombres des années 30 de ces horribles ouvriers qui voulaient reconstruire les chambres à gaz.

Le NFP en mode « guerre des mercenaires »

𝕏 Il faut lire le communiqué publié le 9 juillet par le « Nouveau Front Populaire ». Cette alliance électorale hétéroclite et de circonstances réclame le pouvoir. En des termes extraordinaires qui ne sont qu'arrogance et mensonges. C'est absolument n'importe quoi ! Au plan constitutionnel, alors même que la Constitution y est invoquée ! Et bien sûr au plan politique.

« Le Nouveau Front Populaire est sans contestation possible la première force de la nouvelle Assemblée nationale (juridiquement faux). Conformément à l'usage républicain en période de cohabitation (invention pure), il revient au Président de la république de se tourner dès à présent, vers le Nouveau Front Populaire (en vertu de quel article ?) pour lui permettre de former un gouvernement. Si le Président de la république persistait à ignorer le résultat des élections de dimanche, cela serait une trahison de notre constitution (grotesque) et un coup de force démocratique auquel nous nous y opposerions de toutes nos forces. »

On y invente des obligations constitutionnelles qui s'imposeraient Emmanuel Macron de nommer un premier ministre issu de cette alliance électorale. On a beau lire notre loi fondamentale, on n'y trouve pas l'article qui dit que le Président est tenu de nommer premier ministre, un représentant d'une alliance électorale de circonstance (bis) qui a fait 27 % des voix au premier tour !

Jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas de groupe NFP à l'Assemblée, juste une collection sous- groupes. Le « groupe » est une structure légale organisée au sein de l'Assemblée de de avec des prérogatives propres. Et le premier est celui du RN. Pour autant, le président n'est obligé à rien vis-à-vis de celui-ci. Le RN n'a sûrement pas à exiger que Bardella soit nommé !

Jusqu'à nouvel ordre encore, au premier, comme au deuxième tour, c'est le programme du rassemblement national qui a obtenu le plus de voix. Pour autant, le président n'est là non plus, tenu à rien. Et qui peut dire que les castors qui ont voté, Hollande, Borne, Darmanin ont soutenu le programme du NFP ? Et réciproquement que les castors de droite qui ont voté pour sauver le cul des candidats de l'alliance électorale NFP ont voté pour leur programme ?

Et en plus, non content de revendiquer le poste, ils sont incapables de se mettre d'accord sur un nom ! Alors écrire que : « le nouveau Front populaire sera fidèle à l'espoir qui s'est levé dans le pays » revient à se moquer du monde à un niveau qui démontre, le mépris dans lequel ils tiennent les citoyens. Leur opération « barrage des castors » a réussi point barre.

Mais il ne faut pas croire, ces gens-là ne vivent pas dans un monde imaginaire, ils poursuivent des objectifs clairs et précis. Et aujourd'hui ils sont passés en mode « Guerre des mercenaires », le conflit qui avait opposé la ville de Carthage aux mercenaires qu'elle avait utilisés dans la première « guerre punique », et qu'elle était incapable de payer. Épisode historique utilisé par Gustave Flaubert dans son fameux roman : « Salammbo ».

Cette fois-ci, ce sont les dirigeants du NFP qui présentent à Macron la facture de leur nouveau sauvetage. Le prix à payer est l'entrée dans les salons de la république et l'accès aux gamelles, rien d'autre de sérieux. Qui peut imaginer que le parti socialiste se sente engagé par une quelconque promesse, lui qui vient de faire réélire la limace politique nommée François Hollande, l'ami de la finance et le parjure des accords de Minsk ? Qui peut imaginer que les écologistes, europeïstes fanatiques, encore plus bellicistes que Macron voulant poursuivre à tout prix la guerre en Ukraine, se préoccupent une seconde de l'indépendance nationale ou du montant du SMIC ? Qui peut imaginer que Fabien Roussel chef battu d'un ridicule groupuscule, soit préoccupé d'autre chose que de l'accès aux mangeoires ?

Non, tout ceci ne relève que d'un marchandage politicien. Du type de ceux que l'on pratiquait sous le parlementarisme dégénéré de la IVe République.

Nous savons tous comment elle a fini.

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